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Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/283

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superbe à faire… il y a là un caractère, si j’avais eu cela pour l’Excellence Rougon… Est-ce que ce n’est pas votre avis, Flaubert ?

— Oui, c’est curieux, mais il n’y a pas un livre là-dedans !

— Il n’y a pas un livre, il n’y a pas un livre… Mais si il y a un livre, n’est-ce pas Goncourt ?… Mais vous, Flaubert, pourquoi ne faites-vous pas quelque chose sur ce temps ?

— Pourquoi ? fait Flaubert, parce qu’il faudrait avoir trouvé la forme et la manière de s’en servir. Et puis maintenant je suis une bedolle !

— Une bedolle, qu’est-ce que c’est que ça ? interroge Daudet.

— Non personne mieux que moi ne sait combien je suis bedolle… Oui, une bedolle !… Quoi, un vieux cheik, enfin ?

Et Flaubert finit sa phrase d’un geste vaguement désespéré.

Mercredi 2 février. — Alexandre Dumas, ce soir, donne un détail de l’anecdote russe qui a servi aux Danicheff, dont l’invention a de quoi réjouir un romancier. Un avocat est convenu, moyennant une somme d’argent, de faire casser le mariage d’une femme. Il se rend chez le pope, le grise, s’empare de son registre, gratte le nom de l’homme, puis… vous croyez qu’il substitue un autre nom — non,