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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/134

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nératrices de toute la peinture française de 1830, ces toiles qui renferment une lumière si laiteusement cristallisée, ces toiles aux jaunes transparences, semblables aux transparences des couches superposées d’une pierre de talc. Oh ! Constable, le grand, le grandissime maître… Il y a parmi ces toiles, un Turner : un lac d’un bleuâtre éthéré, aux contours indéfinis, un lac lointain, sous un coup de jour électrique, tout au bout de terrains fauves. Nom de Dieu, ça vous fait mépriser l’originalité de quelques-uns de nos peintres originaux d’aujourd’hui.

Dimanche 19 janvier. — Aujourd’hui, après de longs mois de complète disparition, apparaît Villedeuil tenant amoureusement par la main, sa petite fille, et dont la barbe devenue blanche lui donne un air patriarcal… Le voyant ainsi, mon souvenir n’a pu s’empêcher d’évoquer le Villedeuil à la barbe noire des soupers de la Maison d’Or.

À peine entré, marchant d’un bout à l’autre du Grenier, avec ces petits rires à la fois pouffants et étouffés qui lui sont particuliers, il s’est mis à railler spirituellement l’erreur des gens, des gens qui veulent voir dans les Rothschild et les banquiers de l’heure présente, des réactionnaires, des conservateurs à outrance, établissant très nettement que tous, y compris les Rothschild, ne détestent pas du tout la République, se trouvant en l’absence d’Empe-