Aller au contenu

Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

nulle honte, car depuis que le monde existe, les mémoires un peu intéressants n’ont été faits que par des indiscrets, et tout mon crime est d’être encore vivant, au bout de vingt ans qu’ils ont été écrits — ce dont humainement je ne puis avoir de remords.

Jeudi 30 octobre. — Lefebvre de Béhaine vient déjeuner, et me remercie d’avoir accepté d’être le témoin du mariage de son fils.

Et l’on cause de la cherté du mariage à la Nonciature apostolique et ailleurs, et il me raconte qu’à son mariage, sa belle-mère se plaignant de cette cherté à l’abbé, avec lequel elle réglait la cérémonie, l’abbé lui avait répondu : « Oh ! madame, ce serait encore plus cher, si au lieu de marier votre fille, vous la faisiez enterrer ! »

Dimanche 9 novembre. — Cette vénération des jeunes littérateurs pour la littérature, prenant des personnages et des décors dans le passé, cette vénération qui leur fait préférer Salammbô à Madame Bovary, a pour moi quelque chose de l’admiration respectueuse des gens des secondes galeries, pour les pièces de théâtre ayant pris les personnages et les décors de notre ancienne monarchie.