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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/267

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l’intéresse, et que c’est pour lui une petite joie de savourer, le soir, un article féroce qu’il a entrevu le matin. Et il se met à faire une profession d’amour à l’égard de ses éreinteurs, prenant contre nous la défense des décadents, des symbolistes, cherchant à leur trouver des mérites, et s’attirant par ses généreux efforts, cette jolie blague de Coppée : « Comment, maintenant, vous Zola, vous vous occupez de la couleur des voyelles ! »

On passe à table, avec de la nervosité montée dans les voix, et le souffle de la contradiction dans les paroles.

Là, il est question du Rêve, ce qui amène Coppée à demander à Zola, s’il a vraiment joué de la clarinette. Et Zola de célébrer la clarinette, et de proclamer, que c’est l’instrument qui représente l’amour sensuel, tandis que la flûte représente tout au plus l’amour platonique. « Comme le hautbois représente le paysage ironique, » jette un blagueur dans l’esthétique musicale de Zola, qui se met à parler longuement de sa toquade actuelle de faire un livret d’opéra en prose, et de la belle et grande chose que pourrait en ceci produire l’union de la littérature et de l’art musical. Ce qui fait Daudet s’écrier, que pour les gens qui aiment vraiment la musique, la musique est un art qui n’a pas besoin de l’accommodage d’un autre art, bien au contraire.

Là-dessus, à la suite de son père, le jeune Daudet déclare sans respect pour les théories de Zola, que la symphonie est la seule forme haute de la musique,