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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/275

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nuit, vêtues d’une robe-chemise ouverte en triangle au milieu de la poitrine, les bras ornés de bracelets composés de douze anneaux, et qui, coquetterie bizarre, ont le dessous des yeux maquillés d’une bande de couleur verte. Je m’enfonce parmi ces hommes, aux cheveux tuyautés tout droits, aux larges épaules, à l’étroit bassin, à la peau briquetée, vêtus du pagne plissé, appelé schenti, et tenant entre le pouce et l’index de la main gauche un petit sceptre, et de l’autre un bâton d’honneur ; vêtus d’une peau de panthère, quand ils sont des prêtres.

Et, en ces matières impérissables du basalte, du granit, semble revivre autour de moi toute l’Égypte pharaonique, tout le monde des fonctionnaires et des courtisans des 26 dynasties, dans l’emphase lapidaire de leurs titres et de leurs charges.

C’est le chef des voiles du roi ; — c’est le chef de la maison de lumière, le chef de l’équipement des jeunes soldats ; — c’est le chef des conseils du roi et le commandant des portes ; — c’est le « chef du secret pour proférer les paroles du roi » ; — c’est « les yeux du roi dans toutes les demeures » (sans doute le ministre de la police) ; — c’est « le chef des mystères du ciel, de la terre et des enfers, l’écrivain de la vérité dans la demeure de la justice » ; — c’est l’intendant des constructions du roi ; — c’est le chef de la grande écurie ; — c’est le basilicogrammate de la table du roi (le sommelier) ; — c’est le chef du gynécée royal ; — c’est « le scribe de l’oreille du roi » ; — c’est le flabellifère à la gauche du roi ; — c’est le porte--