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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/282

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Causant avec Marin, des canailleries financières de l’heure présente, il me dit : « Je rencontre, un jour de ces dernières années, quelqu’un que je ne te nommerai pas. Lui, l’homme calme je le trouve tout à fait en colère. Je lui demande ce qu’il a. Et voici ses paroles textuelles : “Je sors, avec deux collègues, d’examiner les comptes de l’isthme de Panama… écoutez… quatorze cents millions ont été dépensés… eh bien, quatre cents millions ont été dépensés dans l’isthme… il y a un milliard qu’on ne retrouve pas… il est impossible qu’on ne poursuive pas Lesseps.” »

Puis causant des clubs d’une manière générale, Marin me disait, que pour y entrer tout de go, il fallait s’y présenter très jeune, parce qu’un homme, qui jouit à Paris d’une certaine notoriété, s’est fait nombre d’ennemis à quarante ans, et est presque assuré de plus de boules noires qu’il n’en faut pour être refusé.

Jeudi 27 août. — Les arbres, tels que je les vois avec mon œil de myope, à travers mon lorgnon no 12, ne ressemblent en rien aux arbres peints, dans les tableaux anciens et modernes. Car, les arbres que je vois, sont plutôt avec le fourmillement de la feuillée, les arbres de la photographie, ou encore les arbres des petites eaux-fortes de Fragonard, où ce fourmillement de la feuillée est rendu par le grignotis du travail.