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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/48

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société d’admiration. Elle est restreinte cette société, car personne en littérature n’a été attaqué, insulté, injurié comme moi, — et si peu soutenu par ma société. Et cette société d’admiration, je la cherchais à la première de Germinie Lacerteux, où la salle ne voulait pas laisser prononcer mon nom, à la première de la Patrie en danger, cette reconstitution d’une époque historique, je puis l’affirmer, comme il n’y en a aucune dans une pièce française, et que la salle, par ses mépris, ses égayements, l’affectation de son ennui, déclarait inférieure à tout. Et dans ma pensée, je rapprochais ces deux premières, de l’avis de tout le monde exceptionnelles et particulières aux Goncourt, de la première d’Henriette Maréchal, où on aurait voulu nous déchirer mon frère et moi.

Les gens de mon Grenier, dans mon désastre, se sont montrés gentils, affectueux. Ils ont eu l’idée de me donner un dîner, de m’entourer un peu de la chaleur de leur affection, et ça m’a été une jouissance de cœur, de savoir que c’était Geffroy qui avait eu cette idée.

Lundi 25 mars. — Tristesse, en pensant que ma carrière littéraire est finie — et que ma dernière cartouche a raté — et cependant la Patrie en danger est une œuvre, qui méritait mieux qu’une chute au Théâtre-Libre.