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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/81

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de sa robe et de son logement, et le promène, pas mal crevard, pendant quelques mois en Espagne.

Arrive le 15 mai. Il était rétabli. Par la protection de Saint-Paul, il est nommé sous-préfet dans l’Ariège, et il me dévoile les mensonges du suffrage universel, me contant que dans une commune, où Saint-Paul avait eu l’unanimité, quelques mois après, le candidat de Gambetta avait la même unanimité.

Mais au mois d’octobre de cette année, le sous-préfet est sur le pavé, et il se remet à faire du journalisme dans le Gaulois.

C’est alors l’époque de cette grande passion qui l’improvise boursier, un boursier s’il vous plaît, gagnant douze mille francs par mois pour la femme qu’il aime, puis bientôt la cruelle déception, qui lui fait acheter, avec l’argent de sa dernière liquidation, un bateau de pêche en Bretagne, sur lequel, il mène pendant dix-huit mois la vie d’un matelot, dans l’horreur du contact avec les gens chic.

Enfin, le retour à la vie littéraire…

Vendredi 12 juillet. — Exposition centennale. Je ne sais, si ça tient à ce jour fait pour des expositions de machines, et non pour des expositions de tableaux, mais la peinture depuis David jusqu’à Delacroix, me paraît la peinture du même peintre, une peinture bilieuse, dont le soleil est du triste jaune, qu’il y a dans les majoliques italiennes. Oui, vrai-