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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/135

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Mardi 18 avril. — Ce qui parfois me fait peur, c’est chez moi le refroidissement du corps. Il n’y a plus de maison assez chauffée, et en dépit de mes quatre gilets de flanelle, de laine, de drap, de tricot de chasse, il me faudrait partout où je vais, même dans les temps les plus doux, il me faudrait un paletot d’hiver, une fourrure.

Jeudi 20 avril. — Ce soir chez Daudet, Bauër nous parlait des neuf années, qu’il avait passées en Calédonie, de l’âge de dix-neuf ans à vingt-huit ans, à la suite de sa condamnation, après la Commune. Il signalait la dépression morale, qu’à la longue amenait l’état du condamné, disant qu’il était arrivé à ne plus parler, et qu’à sa rentrée en France, il était resté, pendant des années, silencieux, muet.

Dimanche 23 avril. — Descaves tenait de quelqu’un de l’Assistance publique, que jamais il n’y avait eu tant d’enfants abandonnés à Paris, qu’il y en a eu, un jour de la semaine dernière.

Lundi 24 avril. — Dès huit heures du matin, je suis dans le bateau, pour aller prendre la descrip-