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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/140

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barbe le matin, au bord de la Seine. Une rangée d’hommes, assis sur le quai, et le barbier allant de l’un à l’autre, et les réveillant de leur demi-sommeil, avec un : « C’est à toi ! » et opérant dans la lumière matinale du jour.

M. Villard m’entretenait d’un voyage qu’il avait fait en Norvège, où il était tombé dans une verrerie, qui était une colonie française, réfugiée là, à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, ayant conservé très reconnaissable le type français, mais n’ayant gardé de leur ancienne langue, que le mot « Sacré nom de Dieu ».

Vendredi 26 mai. — Tristes les départs de son domicile à mon âge. Il faut songer à l’éventualité d’une mort subite, et laisser des instructions.

Ce matin, Geffroy et Carrière entrent dans mon cabinet, un énorme bouquet de fleurs des champs à la main, venant fêter mes 71 ans. L’attention de ces deux cœurs amis m’a touché. Cet après-midi, Mme Sichel vient me voir et m’offrir de la façon la plus gentille, la plus affectueuse, les soins de son fils à Vichy, pendant huit jours, quinze jours.

Dimanche 28 mai. — Vichy. Le docteur Frémont m’examine ce matin, et pendant qu’il me tripote le