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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/168

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— Si ! si ! faisait Rossini, qui prenait une feuille de papier, sur laquelle il jetait un point d’orgue.

Wagner ne revint pas.

Mme Clérambaud donne ce détail curieux sur son manger — qui le faisait accuser de gourmandise, de gueularderie : Rossini ne prenait, de son lever jusqu’à cinq heures de l’après-midi, où il buvait et mangeait nécessairement beaucoup, qu’une tasse de café glacé.

Visite à Nadar à l’Ermitage, et exploration des ateliers, des chambres, aux murs tout couverts de tableaux, de dessins, de photographies. Je remarque un portrait, d’une très blonde couleur, de Nadar fils, une spirituelle grisaille de Daumier, représentant un Don Quichotte ridicule, des Guys terribles, un chef-d’œuvre de Manet, une lettre du peintre, au bas de laquelle sont trois prunes lavées à l’aquarelle, qui sont des merveilles de lavis et du coloriage artiste.

Et, au milieu du pittoresque bric-à-brac de la demeure, apparaissent et disparaissent, les dents blanches, les noires faces riantes, les madras de couleur de deux négresses, qui sont la domesticité du maître de la maison.

Dimanche 27 août. — Visite de Geffroy. Son désir de quitter Paris, d’abandonner la bataille de la vie qui s’y livre, d’habiter la province, et là, d’y faire tranquillement et sereinement des livres, qui le feraient vivre.