Aller au contenu

Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le tableau qu’il finit dans le moment, tableau vendu seulement 2 000 francs, il vient d’acheter un cadre, aux armes de France, de 1 500 francs.

Puis il parle du besoin de s’entraîner, de se monter, des quatre heures qu’il lui faut, pour attraper l’assurance, quatre heures au bout desquelles, il est quelquefois mort de fatigue. Et il me parle aussi de ses tentatives, pour obtenir des sortes d’instantanés dans le monde, au moyen de planches remisées au fond de son chapeau, et me conte la réussite d’une petite planche, ainsi enlevée, où il a reproduit les yeux concupiscents de Tissot sur un décolletage de femme.

Mercredi 10 janvier. — Robert de Montesquiou vient m’inviter à une conférence, à la Bodinière, où il doit parler sur Marceline Desbordes-Valmore, dont les poésies ont été, selon son expression, la consolation de ses années sèches. Alors il se répand sur le bonheur de sa vie dans le pavillon, où il vient de s’établir à Versailles, sur cette séparation qui se fait entre le monsieur en vareuse bleue de là-bas et le monsieur habillé de Paris, sur la satisfaction de ne plus être sous le coup d’une visite imprévue… Puis c’est de l’enthousiasme délirant, au sujet de Sarah Bernhardt, à laquelle il s’apprête à faire cadeau, dit-il, d’un collier en corail rose laqué, qui aurait appartenu à une Impératrice du Japon.