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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/204

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de ma marraine, qui a des poils sur le dos et des bouquets entre les jambes.” Elle parlait du lion de Belfort, qu’elle voyait en allant chez sa marraine, à Montrouge. »

Mardi 30 janvier. — Dîner chez Jean Lorrain, avec le ménage de la Gandara, Henri de Régnier.

Une beauté tout à fait gozzolienne, cette Mme de la Gandara, avec ses beaux yeux songeurs au grand blanc, l’ovale long de sa figure, les lignes pures de son nez, de sa bouche, la délicatesse extatique de sa physionomie, ses blonds cheveux lui tombant le long de la figure, en ondes dépeignées, comme les cheveux d’une Geneviève de Brabant, enfin avec ce caractère d’une tête, où la nature s’associe au coquet effort de se rapprocher des primitifs, et qui lui donne dans de la jeune vie, le charme archaïque d’une tête idéale d’un vieux musée. Et le cou un peu décolleté, sans un bijou, sans une fanfreluche distrayant le regard, elle est habillée d’une robe de satin blanc, toute plate, toute collante aux formes, avec seulement au bas, cinq ou six rangs de petites ruches, qui font un remous de luisants et de reflets de soierie, à ses pieds.

Gandara tout en étant simple, naturel, est un monsieur distingué, qu’on sent en rapport avec les gens du vrai monde. Dans sa causerie sur la peinture, où ses trois admirations semblent se porter