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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/297

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De Chardin, sabré à la pierre d’Italie avec des rehauts de craie, sur un papier chamois, un croquis de vieille femme tenant un chat sur ses genoux. Et ce dessin est curieux, non seulement, parce que les dessins vraiment authentiques du peintre sont de la plus grande rareté, mais encore parce que ce dessin, est la première idée du grand portrait en pied, que j’ai vu, il y a une trentaine d’années, chez la baronne de Conantre, le seul portrait à l’huile de tous les portraits qui lui ont été attribués, que je reconnais pour un vrai Chardin, et qui a été peint par le maître, dans la manière chaude de ses Aliments de la convalescence, du Musée de Vienne.

Dans la grande pièce, la teinte uniforme des murs et du plafond est rompue, çà et là, par des broderies chinoises et japonaises. Au-dessus de la baie, est tendue une bande de drap blanc, sur laquelle sont brodés, en soie bleue et violette, jouant le camaïeu, des chrysanthèmes entre des iris et des fleurs de cognassiers.

En face, et se faisant vis-à-vis, est une autre broderie chinoise sur fond blanc, où une étagère en bois de fer, et des consoles en laque de Pékin, portent des fleurs et des grenades.

Entre les deux fenêtres, s’étale la tapisserie d’une décoration théâtrale, un grand morceau d’étoffe rouge, que recouvrent entièrement de larges feuilles de nénuphar et des gerbes de joncs, massivement brodées en or, et où, dans ce rouge et cet or, luit le blanc d’une tige de chrysanthème, le bleuâtre d’une grappe de glycine.