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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/353

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d’entre ses mains, le volume ouvert à la première page, en s’écriant : « Non, il ne sera pas lu par toi, toute seule, moi, je veux le lire tout haut ! »

On parle au Grenier de Mme Segond-Weber, et Armand Charpentier raconte, qu’il y a bien longtemps, il a été la chercher, pour la récitation d’un morceau de poésie, dans une représentation d’amateurs. C’était rue de la Roquette, dans une chambre au haut d’un escalier, comme il n’en a jamais rencontré, un escalier où, de temps en temps, le manque de marches vous forçait à vous suspendre à la rampe.

Il entrait dans une chambre, séparée en deux par un drap, et était reçu d’un côté du drap par la mère, tandis que la fille, finissait de s’habiller de l’autre côté. Et il arrivait ceci : c’est que la mère témoignant tout haut au visiteur, l’ennui, qu’elle éprouvait de voir sa fille, qui avait un brevet d’institutrice et la faculté de gagner sa vie, courir les aventures, la fille criait de l’autre côté du drap : « Tu te trompes, maman… un jour je ferai la fortune de la maison ! »

Mardi 28 mai. — Aujourd’hui, Mme Segond-Weber m’est amenée par Montesquiou, venant me demander de jouer La Faustin ; je suis frappé de sa beauté, de la fine ciselure de ses traits, de son pénétrant regard noir.

Daudet est arrivé hier d’Angleterre, tout plein de