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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/63

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trait, était le dix-septième volume de l’Histoire de l’Empire, de Thiers. Il avait l’habitude d’être chez lui tout nu, avec une robe de chambre à cru.

Plein d’esprit, inconsciemment ironique, avec une parole lente, balourde d’Allemand, qu’il était. Maintenant une possession de la langue grecque, comme personne. À propos d’une médaille, sur la date de laquelle on n’était pas fixé, et que lui montrait Lavoix, il s’écriait : « C’est une médaille du IIIe siècle, il y a un mot que je n’ai jamais trouvé dans les siècles précédents. »

Lavoix a assisté à sa mort, tous deux demeurant dans la petite annexe de la Bibliothèque, rue de Louvois. Hase travaillait une partie de ses nuits, et déjà un peu souffrant, comme il persistait à travailler, une nuit, son domestique était venu trouver Lavoix, pour qu’il décidât son maître à se coucher. Il s’y refusait. Deux heures après, le domestique venait chercher Lavoix, pour porter le mort sur son lit. Sa tête était tombée sur des épreuves fraîches du dictionnaire de Robert Estienne, qu’il corrigeait, et la sueur de la mort avait imprimé quelques caractères des épreuves sur son front.

Jeudi 30 juin. — Il y a quelque chose de caractéristique chez la femme qui vous aime, et qui n’est ni votre épouse, ni votre maîtresse, c’est dans la marche, sans que vous lui donniez le bras, l’approche,