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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/65

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maret, où il loge dans le bastion d’un vieux fort, y lisant des pièces jusqu’à quatre heures du matin, et apparaissant, un peigne dans les cheveux, à la fenêtre, sur le bord de midi.

Il peint l’activité dévorante de cet homme, qui tout à coup, dans un endroit où il paresse inactif, le sollicite de se remuer, de se mettre en route, de faire un voyage, et l’idée du voyage entrée dans sa tête, il a besoin de décamper de suite, disant à son monde : « Le bateau part à quatre heures, il faut un quart d’heure pour y aller… Oh ! un quart d’heure, n’est-ce pas, vous suffit pour vous préparer ? » Et il arrive à temps, poussant devant lui les hommes et les femmes de sa troupe.

Ajalbert me conte un petit voyage de quatre jours, fait sur la côte bretonne, dans un grand omnibus, loué par Antoine, contenant une cargaison de cabotins et de cabotines : un voyage à la forte nourriture, et très bon marché, grâce au côté débrouillard d’Antoine, arrivant dans un endroit, et, sans consulter aucun autochtone, faisant toute une revue des auberges, et instinctivement choisissant la meilleure, et installant sa charretée de voyageurs : les prix de tout arrêtés d’avance.

Mardi 5 juillet. — Aujourd’hui, je pose pour le portrait, que Carrière me fait sur l’exemplaire de Germinie Lacerteux, éditée par Gallimard.