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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/87

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Mercredi 7 septembre. — Oh l’été ! Moi, qui ne vis que par la littérature, ça me paraît un temps, où l’usine dans laquelle je travaille, est fermée. Plus de publication de livres, plus de critique dans les journaux, et, si par hasard il est parlé de votre personne, c’est fait sans application, sans passion, sans animosité…

Dimanche 11 septembre. — À la suite d’une violente colique hépatique, j’étais dans mon lit, toute la journée de dimanche, et j’avais la fièvre, et ma pensée s’amusait de la fabrication à vide d’un article cocasse. Était-ce la greffe d’un peu de sa peau prêtée par un mari à sa femme, à la suite de la brûlure de ses mains qui me l’inspirait, je ne sais… Mon article, c’était la fuite du bacille du vomito negro, d’un tube de chez Pasteur, et sa recherche dans les endroits excentriques de Paris par les membres de l’Académie de médecine : une poursuite moliéresque.

Mercredi 21 septembre. — On parlait, ce soir, du père Césarin, un mendiant original de Bar-le-Duc.

Un mendiant, à l’esprit caustique, spirituellement méchant, qui avait été au collège avec les bourgeois les plus huppés de la ville, et qui au fait de leur vie privée dans les détails les plus intimes, en pleine