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Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/118

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L’ART JAPONAIS

prostitution, là, où descend bien rarement le pinceau d’un peintre japonais. Sur la porte d’une maison de thé, des courtisanes regardent, comme avec une curiosité dégoûtée, de hideuses vieilles femmes, couvertes de haillons, des aïeules raccrochant dans la rue, près des entrepôts de bois, et se livrant à la façon de nos pierreuses, en plein air, à côté de chiens montés les uns sur les autres.

Dans cette série, signalons une planche qui a un grand caractère en ce pays de l’eau : c’est la basse prostitution de la rivière et du fleuve, figurée dans la nuit du ciel, dans la nuit du paysage, dans la nuit de l’eau morte, par une longue femme noire aux pieds nus, une femme immobilisée toute droite, et qui se détache, dans les ténèbres, sur la blancheur d’une barque au toit de roseau.

En ce livre sur le Yoshiwara, Toyokouni, souvent l’égal d’Outamaro dans ses planches tryptiques, est battu par son rival. Ses femmes n’ont pas l’élégance de corps, la grâce contournée des mouvements, l’aristocratie physique de la prostituée japonaise. Même il n’existe pas parmi ses images, l’esprit du dessin, la vie de la composition, la surprise d’un rien de la volupté de la femme de l’endroit. Puis la note comique,