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Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/141

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OUTAMARO

la coupe de saké qu’il vient de vider, au moment où un homme agenouillé lui présente sa coiffure officielle, le kammuri, la coiffure du plus haut titre, et que sous les arbres en fleurs, dans le pourtour d’un rideau de soie, où se répètent en violet ses armoiries, s’avance avec un port de reine vers l’illustre guerrier, entouré de femmes, l’épouse légitime, tenant à la main un éventail fermé, et sur ses cheveux dénoués et répandus sur ses épaules, portant comme coiffure, deux grandes touffes de chrysanthèmes en or et en argent.

Cette impression, à l’apparence innocente, serait un rappel de la fin du fameux Taïkô, tombé au déclin de sa vie dans le libertinage et la dissolution des mœurs, un rappel sanglant à Iyenari, portant le nom honorifique de Dunkiô-in, le onzième shogun de la famille de Tokugawa, le shogun régnant dans les dernières années de l’existence d’Outamaro, et qui, paraît-il, était une sorte de Louis XV voluptueux et amateur des arts, ainsi que l’a été le monarque français.

Outamaro était condamné à la prison par les autorités de Yédo, prison dont il sortit le corps affaibli et malade.