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Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/168

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L’ART JAPONAIS

miroirs, devant lesquels les femmes font leur toilette, ces miroirs au cadre, et au petit chevalet, laqués en vraie laque. Parlons de ces impressions, aux mille détails d’une exécution précieuse, au rendu par mille petits traits, de la naissance fourmillante des cheveux, sur les tempes et sur le front, — des cheveux qui ne sont dans les impressions modernes qu’une masse confuse, boueuse[1], de ces impressions, ou dans l’argentement du fond, mettant sur ces images comme un blanc reflet lunaire, les femmes, en leur discrète coloration, ont des chairs rose-thé, et apparaissent dans des robes bleu turquin, rose groseille, jaune d’or vert, enfin habillées de couleurs d’une tendresse, que je n’ai rencontrées sur aucune estampe coloriée d’aucun pays.

Du reste, les fonds, ça été toujours une grande préoccupation chez Outamaro. Il n’a jamais consenti à donner à ses femmes, comme fond, la blancheur crue du papier, les enlevant tantôt sur une teinte jaune paille ou orange, dont il brisait l’uniformité par de petits nuages d’une poussière micacée, à la fois noire et brillantée, tantôt sur une teinte grise ayant quelque chose

  1. C’est surtout à la finesse et à la netteté du travail de la gravure en bois dans les cheveux, que se reconnaissent, à première vue, les bonnes épreuves.