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Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/67

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OUTAMARO

les dents, sa petite queue ; soutenant par une main passée dans sa ceinture lâche, ses premiers pas ; l’amusant de mille petits jeux ; lui faisant prendre une bille dans sa bouche, lui donnant peur avec, posé sur sa figure, un masque de renard, cet animal légendaire dans les contes de nourrice du pays, et même dans le chapitre des quadrupèdes de l’Encyclopédie japonaise, affirmant que le renard soufflant sur les os d’un cheval qu’il ronge, fait jaillir un feu follet qui l’éclaire et qu’il vit cent ans, et qu’alors il salue la Grande-Ourse, et se métamorphose.

Entre toutes ces planches, une planche merveilleuse de réalité, est celle où une mère japonaise fait faire pipi à son enfant, les deux mains de la mère soutenant les mollets des deux jambes écartées du petit, pendant que dans un geste habituel à l’enfance, les deux menottes du bambin jouent distraitement au-dessus de ses yeux.

En ces assemblages, en ces groupements de la mère et de l’enfant, où l’existence des deux êtres n’est, pour ainsi dire, pas encore complètement séparée, et où, des entrailles de la mère, la vie de l’enfant semble être passée sur ses genoux, sur ses épaules, une des planches les plus heureuses est celle-ci :