Aller au contenu

Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
CONTES D’ITALIE

serait de manger ton pain. Ne quitte jamais l’île avant que je t’aie permis de le faire ! »

Et voilà ! On dit que Giuseppe a porté cette lettre à notre juge et lui a demandé si Luigi ne pouvait pas être condamné pour menaces. Le juge aurait répondu :

— Évidemment, mais alors ses frères viendraient ici tous trois et vous égorgeraient à coup sûr. Je vous conseille d’attendre. Cela vaut mieux. La colère n’est pas comme l’amour : elle est de courte durée.

Le juge a pu parler ainsi ; c’est un homme très bon et très sensé, il compose de jolis vers, mais je ne crois pas que Giuseppe ait été chez lui pour lui montrer la lettre. Non, il est malgré tout un garçon correct ; s’il avait manqué de tact une fois de plus, on se serait moqué de lui.

Nous sommes des gens simples, signor, des ouvriers ; nous avons notre manière de vivre, de comprendre, de penser ; nous avons