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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/143

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LA MORT DE GIOVANNI TUBA

comprit bientôt qu’il était de trop ; son cœur s’assombrit, étreint d’une tristesse inconnue : les rides se firent encore plus profondes sur sa peau desséchée par le soleil ; et ses os lui causèrent une douleur jusqu’alors inconnue ; pendant des journées entières, il restait assis sur les pierres à la porte de la cabane ; de ses vieux yeux, il regardait la mer lumineuse où toute sa vie avait fondu, cette mer bleue sous l’éclat du soleil, cette mer, belle comme un rêve.

Elle était bien éloignée de lui et il était difficile au vieillard de parvenir au rivage ; néanmoins, il résolut d’y descendre ; et par une paisible soirée, il rampa, pareil à un lézard écrasé, au bas de la montagne, sur les pierres aiguës. Quand il arriva vers les vagues, elles l’accueillirent avec leur langage familier, plus amical que les voix humaines, par un clapotis sonore sur les pierres mortes de la terre ; et alors, comme on le devina plus tard, le vieillard se mit à genoux, leva les yeux au ciel et pria silencieusement pour les hommes qui lui étaient