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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/203

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LA CARTE POSTALE

Et le vieux visage bronzé s’illumine d’un sourire orgueilleux.

— La terre est riche, les gens sont pauvres ; le soleil est bon et l’homme mauvais, se dit le vieillard. J’ai pensé à cela toute ma vie et quoique je ne leur en aie pas parlé, ils m’ont compris. Six dollars par semaine, c’est quarante lires. Oh ! oh ! Mais ils ont trouvé que c’était trop peu, pour un homme qui veut bien vivre, et vingt-cinq mille de leurs camarades ont été d’accord.

Il est sûr que ses pensées secrètes se sont développées et agrandies en ses enfants ; il en est très fier, mais il sait combien les gens ajoutent peu de foi aux histoires qu’ils inventent eux-mêmes tous les jours, et il se tait.

Pourtant, le vieux cœur si vaste déborde parfois, en pensant à l’avenir des deux fils, et alors Cecco, redressant son dos voûté, bombant sa poitrine, rassemblant ses dernières forces, crie d’une voix enrouée vers la mer, vers le lointain, dans la direction où sont ses enfants :