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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/206

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CONTES D’ITALIE

à des fleurs fantastiques. Et partout, semblables, eux aussi, à des fleurs ornant le somptueux manteau d’un roi de légende, resplendissent parmi les rires et les cris, les enfants, ces délicieux maîtres du monde.

Le feuillage vert pâle des arbres ne s’est pas encore épanoui ; enroulé en fastueux pelotons, il boit avidement les tièdes rayons du soleil. Au loin, le soleil joue et appelle les gens.

Dans cette foule si vivante, on peut pourtant distinguer un visage mélancolique. C’est celui d’un homme robuste et de haute taille qui donne le bras à une jeune femme. Il n’a sans doute pas dépassé la trentaine et cependant ses cheveux sont blancs. Il tient son chapeau à la main et sa tête ronde apparaît tout argentée. Son visage maigre et respirant la vigueur est paisible, mais empreint d’une tristesse ineffable. Ses grands yeux noirs, voilés par les cils, ont ce regard propre à ceux qui ne peuvent oublier, qui n’oublieront jamais une douleur par eux subie.