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CONTES D’ITALIE

Alors, l’homme en haut-de-forme, entouré de gens déférents, se jette du côté des carabiniers ; ceux-ci s’ébranlent, approchent, se penchent sur les employés couchés sur les rails et s’efforcent de les relever.

Un remue-ménage, une lutte commence, mais soudain la foule grise et poussiéreuse des spectateurs s’ébranle, pousse un hurlement, et se précipite sur les rails. L’homme en panama a arraché son chapeau de sa tête, l’a lancé en l’air et s’est couché le premier à terre à côté d’un gréviste ; il lui tape sur l’épaule et lui crie des encouragements dans la figure.

Puis, après lui, des gens bruyants et gais, des gens qui n’étaient pas là deux minutes auparavant s’étendirent à leur tour sur les rails, comme si on leur eût fauché les pieds. Ils se jetaient à terre, se faisaient des grimaces en riant, saluaient ironiquement l’officier qui secouait ses gants sous le nez de l’homme en haut-de-forme, lui parlait en souriant et en hochant sa belle tête.

Et les gens continuaient à se coucher sur