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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/25

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À GÊNES

s’érige la belle figure de Christophe Colomb, le rêveur qui a beaucoup souffert et qui a vaincu parce qu’il avait la foi. Maintenant encore, il domine les hommes, auxquels il semble dire de ses lèvres de marbre :

— Les croyants seuls peuvent triompher.

À ses pieds, autour du piédestal, les musiciens ont déposé leurs trompettes dont le cuivre reluit au soleil.

Étalée en demi-cercle, la gare, lourd édifice de marbre, déploie ses ailes comme pour étreindre la foule. Du port arrivent le bruit rauque de la respiration des bateaux, du travail des hélices dans l’eau, le tintement des chaînes, les coups de sifflet et des cris. Sur la place, tout est calme et inondé de chaleur ; l’air est étouffant. Sur les balcons, aux fenêtres des maisons, apparaissent des femmes lumineuses, tenant des bouquets à la main, et des enfants en habits de fête, pareils à des fleurs.

Une locomotive siffle en approchant de la gare. La foule tressaille ; quelques chapeaux fripés volent au-dessus des têtes, comme