Tout a pris un air de fête, tout s’est animé et le marbre gris s’est fleuri d’on ne sait quelles taches éclatantes.
Les étendards flottent, les bouquets et les chapeaux volent ; par-dessus la foule apparaissent des têtes d’enfants ; des pattes minuscules et brunies s’agitent, pour saisir les fleurs et saluer, tandis qu’un cri puissant et continu retentit :
— Viva il Socialismo !
— Evviva Italia !
On s’est emparé de presque tous les enfants ; on les porte ; ils sont assis sur les épaules des grandes personnes, serrés contre les larges poitrines d’hommes barbus et sévères, et la musique devient à peine perceptible au milieu du tapage, des cris et des rires.
Les femmes se faufilent et enlèvent ceux des nouveaux venus qui restent ; elles se crient l’une à l’autre :
— Vous en prenez deux, Annita ?
— Oui. Et vous aussi ?
— Il en faut un pour Marguerite l’infirme…