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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/299

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NUNCIA

L’antiquité a produit plus de gens célèbres que les temps présents. Car aujourd’hui où chacun porte les mêmes habits, lit éperdument les journaux et veut avant tout faire de la politique, il est devenu très difficile, même à un homme bien doué, de s’élever au-dessus de ses contemporains.

Un autre orgueil de notre quartier fut — jusqu’à l’été dernier — une marchande de légumes, Nuncia, la personne la plus gaie du monde et la plus belle de cet endroit, où le soleil brille toujours quelques instants de plus que dans les autres parties de la ville. La fontaine reste aujourd’hui ce qu’elle fut jadis (quoique plus jaune bien entendu) ; elle attirera longtemps encore les regards des étrangers par son aspect amusant — les enfants de marbre dont l’artiste a composé son groupe harmonieux, ne vieillissent pas et ne se fatiguent pas en jouant.

La délicieuse Nuncia est morte dans la rue, en dansant. Il est rare qu’on meure ainsi et cela vaut la peine d’être conté.