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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/34

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CONTES D’ITALIE

les cris joyeux, les rires et les glapissements des bambins, les bonds chatoyants de la mer déchirée par les sauts des baigneurs — tout s’élève vers le soleil, telle une offrande à la Divinité.

Sur le trottoir, dans l’ombre d’une grande maison, quatre paveurs, gris, secs et solides comme des pierres, sont assis et se préparent à dîner. Un vieillard, blanc de poussière comme si on l’avait saupoudré de cendres, ferme à moitié ses yeux vigilants et avides ; il tranche avec un couteau un pain long et veille à ce que chaque morceau soit de la même dimension. Il est coiffé d’un bonnet rouge tricoté, dont le pompon lui tombe sur la figure ; le vieillard secoue sa grosse tête d’apôtre, où saille son long nez crochu, pareil à celui d’un perroquet ; il renifle et ses narines se gonflent.

À côté de lui, un jeune homme, bronzé et noir comme un scarabée, est couché, face au ciel, sur les pavés tièdes. Des miettes de pain lui tombent sur le visage, il plisse les yeux paresseusement et chante à mi-voix,