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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/74

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CONTES D’ITALIE

elle travaillait où elle pouvait. Elle n’était pas très jolie, non, mais elle avait du cœur et du bon sens. Et quelle belle voix ! Ah ! Elle chantait comme une artiste et c’est une fortune que cela, n’est-ce pas, signors ? Je ne chantais pas mal, moi non plus.

— Nous marions-nous ? lui demandai-je, quand nous nous fûmes longtemps regardés.

— Ce serait ridicule, le borgne ! me répondit-elle tristement. Je n’ai rien, toi non plus, comment vivrions-nous ?

C’était la sainte vérité ; elle n’avait rien, ni moi non plus. Mais que faut-il à l’amour quand on est jeune ? Vous savez tous, signors, qu’il faut bien peu de choses à l’amour ; j’insistai et j’eus la victoire.

— Oui, tu as peut-être raison, finit par dire Ida. Puisque la Sainte Vierge nous vient en aide à toi et à moi déjà maintenant, alors que nous vivons chacun pour nous, il lui sera certainement plus facile de le faire encore quand nous vivrons ensemble !

Nous tombâmes d’accord et nous allâmes chez le curé.