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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/87

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L’AMOUR MATERNEL

vaincu d’autres ennemis et je ne me sens pas encore las de conquêtes. Et toi, qui es-tu, femme ?

— Écoute ! dit-elle. Quoi que tu aies fait, tu n’es qu’un homme ; moi, je suis une mère ! Tu sers la mort et moi la vie. Tu es coupable envers moi, c’est pourquoi je suis venue te demander de racheter ta faute. On m’a dit que ta devise était : « La puissance dans la justice ! » Je ne le crois pas, mais tu as le devoir de te montrer juste envers moi, car je suis mère !

Le roi était suffisamment sage pour sentir la force que trahissaient ces paroles audacieuses, il répondit :

— Assieds-toi et parle, je t’écouterai.

Elle s’assit comme elle le jugea bon, sur le tapis, dans le cercle compact des rois, et voici quelles furent ses paroles :

— Je viens des environs de Salerne, très loin, en Italie. Mon père était pêcheur, mon mari aussi ; il était beau, comme l’est un homme heureux, car je lui donnais le bonheur ! Et j’avais aussi un fils, c’était le plus bel enfant de la terre…