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Page:Gouin - J'il de noir, 1971.djvu/28

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UN OISEAU…

un oiseau n’arrivait pas
à s’arracher de mes tripes
à s’en aller se perdre dans la Tourmente
le peuple de la nuit se tordait de douleur dans la pénombre de Montréal
je l’ai vu
le malin se lever sur la mer nos champs de neige que cela était beau

car le monde est un fruit deux morceaux d’une même pomme
dans l’ombre et dans le soleil
mon cœur de pomme ressent encore ce grand chaos à travers la nuit qui navigue jusqu’au jour
dans le fruit un ver se tordait en faisant son chemin tel un clou dans la pulpe de l’arbre

la nuit n’est pas pourrie quoi qu’on dise elle doit être mangée et le fruit doit pourrir pour que les pépins
prennent de l’aile et fassent un arbre

tous les fruits
toutes les nuits sont bonnes
il faut les laisser croître jusqu’à la moisson de peur de
voir toute la récolte tomber avant l’heure sous la faux
car la rouille même la rouille n’a pas d’hérédité
vient sur le fruit quand le temps est mauvais

à minuit dans cette boîte de Montréal une nymphomane
collait une ventouse à tous ces corps d’adolescents
il y avait dans cette boîte de minuit de Montréal un petit bum en érection des pieds à la tête
de toutes ces femmes