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Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/181

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C’est un essentiel. Des phrases, oui ; mais les phrases ne sont encore que la parure et la pudeur de son art ; il a senti, songé ou pensé avant de dire ; surtout il a aimé : et telle de ses métaphores jaillit comme une éjaculation, comme un des « cris » de sainte Thérèse.

Visiblement, il s’efforce d’aller au fond, de pénétrer jusqu’au centre vital même d’une ombelle d’hortensia. Il cherche partout l’âme, — et la trouve. Nul n’est moins rhétoricien que ce styliste, car le rhétoricien est celui qui habille de vêtements à la mode de solides lieux communs aptes à supporter tout le vulgaire des chamarrures, tandis que M. Poictevin diaphanéiserait encore un fantôme, un arc-en-ciel, une illusion, une fleur d’azalée ; ceci : « Une main de phtisique en l’angustie de sa quasi-diaphanéité, posée, non paresseuse, mais qui n’appréhende plus, semblerait avertir, moins exaltée que déjà et indulgemment revenue ? »

Oui, que c’est subtil ! — et pourquoi ne pas écrire « comme tout le monde » ?

Hélas ! cela lui est défendu, — parce qu’il est un mystique, parce qu’il sent entre l’homme et les choses et Dieu des rapports nouveaux, et