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Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/210

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pide, à l’orgueilleux le plus monstrueusement fou qui fut jamais.

Ayant absous un tel homme, il put sans pharisaïsme s’absoudre lui-même et, avec l’aide de Dieu, quelques secours plus humbles et tout fraternels, de bonnes lectures, la fréquentation des douces chapelles conventuelles, M. Huysmans un jour se trouva converti — au mysticisme, et écrivit En Route, ce livre pareil à une statue de pierre qui tout à coup se mettrait à pleurer. C’est du mysticisme un peu rauque et un peu dur, mais M. Huysmans est dur, comme ses phrases, comme ses épithètes, comme ses adverbes. Le mysticisme lui est entré plus avant dans l’œil que dans l’âme. Il observa les faits religieux avec la peur d’en être dupe et l’espoir qu’ils seraient absurdes ; il a été pris dans les mailles mêmes du credo-quia-absurdum, — victime heureuse de sa curiosité.

Maintenant, fatigué d’avoir regardé les visages hypocrites des hommes, il regarde des pierres, préparant un livre suprême sur « La Cathédrale ». Là, s’il s’agit de sentir et de comprendre, il s’agit surtout de voir. Il verra