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Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/37

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Pourtant, que de moyens de salut dans ces pages où M. Maeterlinck, disciple de Ruysbroeck, de Novalis, d’Emerson et d’Hello, ne demandant à ces supérieurs esprits (dont les deux moindres eurent des intuitions de génie) que le signe de la main qui encourage aux voyages obscurs ! Le commun des hommes, et les plus conscients, qui ont tant d’heures de tiédeur, y trouveraient des encouragements à goûter la simplicité des jours et les murmures sourds de la vie profonde. Ils apprendraient la signification des gestes très humbles et des mots très futiles, et que le rire d’un enfant ou le babillage d’une femme équivalent par ce qu’ils contiennent d’âme et de mystère aux plus éblouissantes paroles des Sages. Car M. Maeterlinck, avec son air d’être un Sage, et bien sage, nous confie des pensées inhabituelles et d’une candeur bien irrespectueuse de la tradition psychologique, et d’une audace bien dédaigneuse des habitudes mentales, assumant la bravoure de n’attribuer aux choses que l’importance qu’elles auraient dans un monde définitif. Ainsi la sensualité est tout à fait absente de ses méditations ; il connaît l’importance mais aussi l’insi-