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Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/89

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les poètes nouveaux ; il ne se raconte guère lui-même ; il lui faut des thèmes étrangers à sa vie, et il en choisit même qui semblent étrangers à ses croyances : ses reines n’en sont pas moins belles, ni ses saintes moins pures. On trouvera ces panneaux et ces vitraux dans le recueil intitulé : Chevaleries sentimentales, la plus importante et la plus caractéristique de ses œuvres. C’est une lecture vraiment agréable et on passe de douces heures parmi ces femmes, ces lys, ces gemmes, ces roses d’automne.


Les roses d’automne s’étiolent,
Les roses qui fleurissaient les tombes ;
Lentement s’effeuillent les corolles
Et le sol froid est jonché de pétales qui tombent.


N’est-ce pas d’une mélancolie bien douce ? Et ceci :


Il y a des maisons qui pleurent sur le port,
Il y a des glas qui sonnent dans les clochers,
Où tintent des cloches vagues :
Vers quels fleuves de mort
Les vierges ont-elles marché,
Les vierges qui avaient aux doigts de blondes bagues ?


Ainsi, sans forcer son talent à une expression passionnée de la vie, œuvre à laquelle il serait