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Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/95

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Dame d’un rêve de roses royales,
Dame des sombres roses nuptiales,
Frêle comme une madone —

Dame de ciel et de ravissement,
Dame d’extase et de renoncement,
Chaste étoile très lointaine —

Dame d’enfer, ton sourire farouche,
Dame du diable, un baiser de ta bouche,
C’est le feu des mauvaises fontaines
Et je brûle si je te touche.


La belle dame passa, mais sans s’émouvoir de l’imprécation finale, qu’elle attribua sans doute à un excès d’amour ; elle passa rendant au poète sourire pour sourire.

Cette idylle eut pour premier épilogue une admirable plainte,

Mon âme, il me semble que vous êtes un jardin…


un jardin où l’on voit, laissés aux charmilles, dans la brume du soir, des lambeaux du voile


De la Dame qui est passée.


Quelque temps après cette aventure, on apprit que M. Retté, revenu d’un voyage à l’Archipel en fleurs, s’était enrichi d’une nouvelle cueillaison de rêves. Il s’enrichira encore. Son talent est une greffe vivace entée sur un sauvageon