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Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/92

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muses d’aujourd’hui

Pour l’orgueil et l’horreur d’être une génitrice…
– Et parmi mes coussins pleins d’ombre, je m’enivre
De ma stérilité qui saigne lentement.

De la même inspiration, ce vers encore plus beau peut-être d’être isolé de la page où il est écrit : chacun

Porte son sexe ainsi qu’une bête cachée.

Beaucoup de vers, dans ces recueils, gagneraient à être ainsi séparés de leurs compagnons de rimes ; celui-ci :

Car j’ai, vivant malgré les cailloux destructeurs,
Un grand oiseau de mer enfermé dans le cœur.

Enfin, c’est l’enivrement du soleil d’Afrique, de la vie au grand air. Ce lui est une révélation :

Vivre, ah vivre ! c’est au galop,
Mater une bête rétive,
C’est sentir au soleil trop chaud
Suer et brûler sa chair vive.

Insatiable d’inconnu, elle rêve à d’autres pays