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Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/134

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UN CŒUR VIRGINAL

— Mais je ne pourrai pas vous aimer comme vous aime M. Hervart.

— Oh ! cela, je ne crois pas que cela soit possible.

— Et vous ne m’aimerez pas non plus comme vous l’aimez.

Elle se mit à rire si naïvement que Léonor se dit qu’elle n’avait rien compris à ses insinuations. Cependant, il se trompait, et son rire en était la preuve. Elle avait ri précisément parce que l’idée lui était venue brusquement qu’un autre homme aurait pu jouer près d’elle le rôle de son Xavier. L’idée lui paraissait comique, et elle avait ri. Mais l’idée lui était venue, et c’était un grand point.

C’était un si grand point qu’à son tour elle regarda Léonor, et cette fois sans rire ; mais aucune comparaison n’eut le temps de se faire dans son esprit, car, au même moment, elle dressa l’oreille et dit :

— Le voilà.

M. Hervart n’arriva qu’un bon moment plus tard, et Léonor se disait :