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Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/49

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UN CŒUR VIRGINAL

inquiète de son silence. Elle prit son bras.

— Je n’osais vous l’offrir, dit-il.

— Aussi, je le prends moi-même.

— Je suis content, Rose, d’être ainsi à me promener avec vous.

Mais, en réalité, il était très gêné. Cette bonne fortune était à la fois trop innocente et trop libre. Il se demandait comment faire pour la maintenir, au moins, dans les bornes présentes.

« Si cela continue !… Et cela ne date que de ce matin !… »

Mais un raisonnement très logique le rassurait :

« Ou j’en veux, ou je n’en veux pas faire ma femme : or, dans un cas comme dans l’autre, je dois la respecter… C’est évident. N’étant ni un sot, ni un malhonnête homme, je n’ai rien à craindre de moi-même. L’instinct civilisé dominera nécessairement l’instinct naturel : je suis très civilisé… »

Ils étaient vêtus légèrement. Le bras qu’il serrait brûlait sa chair.

« Hélas ! en amour, on n’est sûr de rien, sûr