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Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/87

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UN CŒUR VIRGINAL

— Pourquoi aussi ? C’est moi qui ai aimé la première ; je ne veux pas de ce mot ; il exprime une sorte d’imitation.

— C’est vrai, dit M. Hervart, notre tendresse réciproque fut simultanée. Mais il est toujours convenu que c’est l’homme qui aime le premier et que la femme ne fait que consentir à ses désirs.

— Que pouvez-vous désirer que je ne désire moi-même ?

« Son innocence est délicieuse », pensa M. Hervart.

Il reprit :

— Mais je désire peut-être plus d’intimité encore, un abandon entier, Rose…

— Eh bien, ne suis-je pas tout entière à vous ? Mais je vous veux en échange, Xavier, je vous veux aussi tout entier.

M. Hervart ne sut que dire. Il devenait timide. Une si charmante naïveté le troublait plus que les images mêmes de la volupté.

« Elle ne savait pas, pensait-il. Elle n’a même pas rêvé. Quelle chasteté ! Quelle grâce ! »