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Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/97

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UN CŒUR VIRGINAL

— Oui, car ici je prends mes vacances, dit M. Hervart, heureux de cette marque de confiance.

Il ajouta même, pour prévenir mieux encore les soupçons possibles :

— Les vacances de l’amour ne vont pas sans quelque mélancolie.

Rose s’était amusée beaucoup, mais depuis que son père avait pris la parole, elle n’écoutait plus. Léonor, satisfait d’avoir eu de l’esprit, et craignant de n’en plus retrouver, s’était levé et se promenait dans le jardin. Rose le regardait. La vue de ce jeune animal l’intéressait. Il était sorti de cette tête de si curieuses paroles sur l’amour ! Ainsi l’amour était un exercice comme le tennis, la bicyclette ou l’équitation ! L’amour était un sport ! Quelle révélation ! Et les images les plus singulières se formaient dans son esprit, cependant qu’elle suivait des yeux la silhouette maintenant lointaine du jeune homme ingénieux et décisif.

« Comment joue-t-on à l’amour, au vrai amour ? Xavier ne m’apprend rien. Il sait tout