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Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/111

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MOI

Et ce travail, qui du moins permet de respirer et de manger, il n’y en a pas pour tous. Des milliers d’êtres, dans les villes les plus civilisées, meurent de faim tous les jours, oh ! d’une mort lente ! On agonise pendant dix ans, pendant vingt ans…

LUI

Croissez et multipliez. Cela, c’est l’œuvre de mon père. Il s’était pris d’une sorte d’amour jaloux et méchant pour les Juifs, petit peuple assez remuant, et il se montra curieux d’encourager leur orgueil naturel jusqu’à le rendre démesuré. Cela donna des résultats comiques et tristes. Ces Bédouins ignorants se crurent destinés à dominer le monde, puis ils disparurent comme nation, au moment même