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Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/97

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Votre chimie a cru atteindre les limites de l’analyse, en découvrant les molécules qu’elle compte et qu’elle pèse. Mais il est évident qu’un point pondérable peut se couper en deux points également pondérables, et ainsi jusqu’à l’infini, et ainsi sans limite d’espace ni de temps. Il y aurait donc deux infinis : l’un au-dessus de nous, puisque tout chiffre peut s’augmenter ; l’autre au-dessous, puisque tout chiffre peut se diminuer. Cependant l’espace devant être considéré comme un vide absolu, comme un néant parfait, comme rien, il se peut que chacun de ces deux infinis aboutisse brusquement à ce vide, à ce rien. Le monde est peut-être limité. Ce tissu est peut-être une boule isolée au milieu du néant. Comme on ne voit pas bien comment quelque chose peut sortir du néant, ou comment quelque chose peut devenir néant, nous conclu-