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Page:Gournay - Les advis ou Les présens de la demoiselle de Gournay (1641).pdf/911

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LIVRE SECOND.

LIVRE
SECOND.
Mais lors que fur fon Bois Hecate m’eut commife,
Les fuplices d’Enfer elle me fit fçauoir,
Et foubs fa guide apres ces Regnes ie vins voir.
Radamante Là-bas tient fon fiege feuere,
Donnant à tous la peine ou plus ou moins amere,
Selon le poids du crime, & force à reueler
Celuy qu’aux yeux du monde on auoit peu celer :
Et qu’en vain le peruers, fier du nom d’innocence,
lufqu’au cercueil tardif a couuert du filence.
L’horrible Tifiphone vn fouët retors en main,
L’arreft des condamnéz execute foudain :
Les frappe à coups fanglants du crime vangereffe.
L’autre main fecoüant d’vne fiere allegreffe
Vn effein de ferpens fur eux les va hallant :
Ses deux cruelles fours pour aydes appellant.
Alors on void ouurir cette porte execrable,
Et le gond enroué geind d’vn fon effroyable.
La Sibylle pourfuit : Voy-tu, grand Demi-dieu,
Quel guet deffend le fueil de ce funebre lieu ?
Quelle face de Monftre y loge en fentinelle ?
Vne hydre eft là dedans plus terrible & cruelle,
Dont l’œil furueille encore à la garde des murs :
De cinquante gofiers ouurant les creux obfcurs.
Et le cœur des Enfers, la geholle du Tartare,
Qu’vn precipice affreux des autres lieux fepare,
Plus profonde deux fois s’aualle dans la nuict
Que haut fur noftre chefle front des Cieux ne luit.
I’y vis ces vieux Titans engence de la Terre,
Precipitez du Ciel par le coup du tonnerre.
Ephialte & fon frere aux effroyables corps,
Ievis payer icy leurs perfides efforts.
Ces Geants aueuglez par l’orgueil de leur tailles
A la Nature mefme offrirent la bataille ;
Tentans ce haut deffein de démòlir les Cieux,
Afin de déthrofner le Souuerain des Dieux.
Là mefme i’apperceus l’Ombre de Salmonée,
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