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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/155

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d’Angelo étoit sacrée ; il reste chez le prince de Lichtenstein. Ici, comme chez le général Lobkowitz, il étoit le génie tutelaire des malheureux, il transmettoit au prince les prières de ceux qui cherchoient à obtenir quelque chose ; ses poches étoient toujours pleines de mémoires, de placets ; ne pouvant et ne voulant jamais demander pour lui, il remplissoit avec autant de zèle que de succès ce devoir en faveur des autres.

Angelo suivit son maître dans ses voyages, et à Francfort, lors du couronnement de l’empereur Joseph, comme roi des Romains. Un jour, à l’instigation de son prince, il tenta la fortune dans une banque de pharaon, et gagna vingt mille florins ; il offrit la revanche à son adversaire, qui perdit encore vingt-quatre mille florins ; en lui offrant de nouveau la revanche, Angelo sut arranger le jeu si finement, que le perdant regagna cette dernière somme. Cet acte de délicatesse de la part d’Angelo, lui concilia l’admiration, et lui attira des félicitations sans nombre. Les faveurs passagères de la fortune ne l’éblouirent pas ; au contraire, se défiant de ses caprices, jamais il n’exposa plus de somme