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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/196

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des réponses vraiment philosophiques de Noirs. Telle est la suivante, rapportée par Bryan-Edwards, d’un esclave endormi que son maître réveilloit, en disant : N’entends-tu pas maître qui appelle ? le pauvre Nègre ouvre les yeux et les referme aussitôt, en disant : Sommeil n’a pas de maître.

Quant à leur intelligence pour les affaires, elle est bien connue dans le Levant. Tel étoit Farhan, vendu au prince de l’Yemen, qui le fit gouverneur de Loheia ; ses talens, sa prudence, ses vertus domestiques ont été célébrés par Niebuhr, qui l’a connu. Michaud le père m’a dit avoir vu dans divers ports du golfe Persique, des Nègres à la tête de grandes maisons de commerce, recevant des envois, expédiant des bâtimens sur toutes les côtes de l’Inde. Il avoit acheté à Philadelphie, et amené en France un jeune Nègre de l’intérieur de l’Afrique, enlevé à un âge où déjà sa mémoire avoit recueilli quelques notions géographiques sur le pays qui l’avoit vu naître. Le naturaliste l’élevoit soigneusement, et se proposoit, après son éducation finie, de le renvoyer dans son pays natal, comme voyageur, pour explorer des con-