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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/198

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ral ils ont la conception rapide, et jouissent d’une mémoire surprenante. Villaut, Barbot, et d’autres voyageurs en font la remarque[1]. Stedman a connu un Nègre qui savoit le Coran par cœur ; on raconte la même chose de Job-ben-Salomon, fils du roi mahométan de Bunda, sur la Gambie. Salomon, pris en 1730, fut conduit en Amérique, et vendu dans le Maryland. Une suite d’aventures extraordinaires, qu’on peut lire dans le More-lak, le conduisirent en Angleterre, où son air de dignité, la douceur de son caractère, et ses talens lui firent des amis, entre autres le chevalier Hans-Sloane, pour lequel il traduisit divers manuscrits arabes. Après avoir été accueilli avec distinction à la cour de Saint-James, la compagnie d’Afrique, qui s’y intéressoit, le fit reconduire à Bunda en 1734. Un oncle de Salomon lui dit en l’embrassant : Depuis soixante ans tu es le premier que j’aye vu revenir des îles américaines. Salomon écrivit à ses amis d’Europe et du nouveau Monde, des lettres qui furent traduites et lues avec intérêt. Son père étant

  1. V. Prevot, t. IV, p. 198.